Quand l’ubérisation gagne nos assiettes

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  • Date de Publication: 21/09/2015
  • Catégories: Revue de Presse
  • Secteur(s)) impacté(s):

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Quand «l’ubérisation» gagne (aussi) nos assiettes

Par AFP — 4 septembre 2015 à 18:22
[L'économie dite collaborative est en train de gagner un autre terrain, particulièrement cher aux Français, celui de la table, au grand dam des restaurateurs qui craignent d'être à leur tour 'ubérisés']
L'économie dite collaborative est en train de gagner un autre terrain, particulièrement cher aux Français, celui de la table, au grand dam des restaurateurs qui craignent d'être à leur tour "ubérisés" Photo Fred Tanneau. AFP
 

Si la location entre particuliers d’un logement ou d’un véhicule sont désormais entrés dans les moeurs, on sait moins que l’économie dite collaborative est en train de gagner un autre terrain, particulièrement cher aux Français, celui de la table, au grand dam des restaurateurs qui craignent d’être à leur tour «ubérisés».

Voulezvousdiner.com, viensmangeralamaison.fr ou encore VizEat, le numéro un européen du secteur: de plus en plus de sites permettent en effet à des hôtes d’offrir, moyennant finances, leurs services culinaires en proposant de venir déjeuner ou dîner chez eux.

Originaire des Etats-Unis, ce concept de «restaurant clandestin» étend ainsi la formule du repas chez l’habitant ou de la tâble d’hôte, jusqu’ici plutôt rurale et confidentielle, à un public urbain et connecté à l’affût de bonne chair et de rencontres conviviales, souvent interculturelles.

Sur Vizeat par exemple, l’internaute peut renseigner la ville dans laquelle il souhaite passer à table, le nombre d’invités qui l’accompagnent ainsi que la date et le prix moyen souhaités (jusqu’à 200 euros). S’affichent alors plusieurs profils d’hôtes proposant différents types de menus à des tarifs tout aussi divers.

Hôtellerie, transports, et désormais restauration: rien ne semble devoir arrêter la colonisation du modèle «Uber», du nom de la célèbre entreprise américaine proposant des services de voitures avec chauffeurs (VTC).

Mais, comme Uber confronté à la fronde des taxis ou Airbnb à celle des hôteliers traditionnels, ces sites proposant des repas chez un particulier inquiètent de plus en plus les professionnels du secteur, qui préfèrent prévenir plutôt que guérir.

Les syndicats de restaurateurs dénoncent en particulier l’absence de régulation entourant ces nouveaux acteurs, notamment sur la fiscalité ou l’hygiène, alors qu’eux-mêmes sont soumis à des normes jugées drastiques.

- «C’est du travail au noir» -

«On subit aujourd’hui, depuis un an, deux ans, sur la transparence en hygiène, des règles extrêmement contraignantes pour le restaurateur qui viennent s’ajouter les unes aux autres et à côté de ça, on a un phénomène amplifié de ventes déguisées qui vient perturber le marché», souligne à l’AFP Hubert Jan, président de la branche restauration de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH).

«On n’est pas contre l’économie collaborative mais on est contre l’économie grise qui détruit l’emploi», précise-t-il, rappelant que «dans le secteur de l’hôtellerie en général, les porteurs d’emploi, c’est la restauration».

«C’est du travail au noir, au vu et au su de tout le monde», insiste pour sa part Didier Chenet, le président du Synhorcat, syndicat national des hôteliers, restaurateurs, cafetiers et traiteurs.

«Ce ne sont pas les sites en tant que tel qui nous posent problème, tempère-t-il toutefois, ce sont les pratiques», considérées comme à risque.

«Des risques pour les clients tant au niveau de l’hygiène, des allergènes et puis (de) la délivrance de l’alcool» qui se fait sans licence, poursuit-il.

Loin de vouloir faire interdire ces sites, M. Chenet demande à ceux qui y proposent leurs services de se déclarer. «A partir du moment où (l’hôte) se déclare, les pouvoirs publics vérifieront qu’il a toutes les qualités pour exercer cette activité», argue-t-il.

De son côté, le ministère de l’Economie, par la voix de Martine Pinville, la secrétaire d’Etat chargée du Commerce, a assuré à l’AFP avoir «pleinement conscience de ce phénomène en développement».

«Nous sommes mobilisés pour évaluer ce nouveau mode de consommation afin de pouvoir accompagner son développement de manière harmonieuse avec la restauration traditionnelle», a ajouté Mme Pinville.

A l’occasion de la publication, en juillet, d’une étude consacrée aux «enjeux et prospectives de la consommation collaborative», le ministère de l’Economie a d’ailleurs annoncé le lancement, dès le mois d’octobre, d’une stratégie nationale en faveur de l’économie collaborative, dont l’un des objectifs affichés est de «contribuer à (en) préciser les frontières».

Selon Bercy, le secteur est estimé à 20 milliards d’euros aujourd’hui, et devrait atteindre 90 milliards d’euros d’ici 2025.


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