Pourquoi la société civile s’intéresse-t-elle au phénomène d’uberisation en France ? Comment rassembler pour réussir ?
Alors que le mot « uberisation » vient d’être inscrit dans le dictionnaire et qu’il fait de plus en plus souvent les titres de l’actualité, il semble primordial aux acteurs directement touchés par ces sujets de se rassembler pour échanger et réfléchir ensemble aux évolutions de notre société induites par le « tout numérique » et l’émergence de nouveaux business models disruptifs en France. Retour sur les 6 premiers mois d’existence de l’Observatoire de l’Uberisation.
#UberisationPositive : NE PLUS SUBIR MAIS REFLECHIR … parce que tous les secteurs d’activité sont concernés par l’uberisation!
UBERISATION (nf) : changement rapide des rapports de force grâce au numérique.
Les « uberisateurs » suscitent de multiples réactions dans l’opinion depuis des mois. Celles des premiers concernés d’abord : les taxis avec Uber, les libraires avec Amazon et les hôtels avec AirBnB. Chaque jour désormais, de nouveaux acteurs émergent dans les domaines de l’éducation, du droit, des transports, de la santé, du BTP, des services … Demain, l’Etat lui-même pourrait peut-être se voir ubérisé ?!
Derrière le mot « uberisation » se cachent avant tout des acteurs qui changent les règles et réinventent la manière d’exercer leur métier, bousculant alors des marchés (souvent) en mal d’innovation. Le changement des rapports de force est rapide, car propulsé par des outils digitaux et des modèles très différents.
Et parce qu’il se situe au carrefour de l'économie du partage, de l'innovation, de la recherche de compétitivité et d’un sursaut d'indépendance des français, choisi ou contraint, ce phénomène d’uberisation est une lame de fond qui va petit à petit impacter l’ensemble des secteurs de l'économie traditionnelle des services et la société toute entière.
Les pouvoirs publics ont pris conscience de la menace, mais pas encore des opportunités induites par l’uberisation de l’économie, précipitant parfois la prise de décisions radicales et dispersées sans consultation préalable des principales parties-prenantes de cette transformation sociétale.
Aussi, du chauffeur Uber à l’économiste en passant par le député ou le chef étoilé : des personnes physiques directement touchées dans leur quotidien par l’uberisation se sont réunies en association pour créer à l’automne dernier « l’Observatoire de l’Uberisation » aux côtés de Denis Jacquet (Président de l’association Parrainer la croissance et entrepreneur) et Grégoire Leclercq (Président de la Fédération des auto-entrepreneurs et dirigeant d’entreprise).
Il compte désormais 40 membres et réunit chaque mois des experts et « change-makers » qui travaillent ensemble afin de ré-objectiver les débats autour de l’impact de la transformation de l’économie par le numérique et d’imaginer la société dans laquelle nous voudrions vivre demain ; pour que l’uberisation ne soit plus subie mais positive, inclusive, éveillée et réfléchie, pour tous.
Une diversité de profils « PRO » et « ANTI » uberisation pour ré-objectiver le débat
Les deux cofondateurs rappellent que « l’Observatoire de l’Uberisation n’a pas vocation à être un outil corporatiste au service des sociétés de l’économie digitale. Bien au contraire, nous nous voulons un observateur des tendances, dans le monde entier, afin d’en déduire un projet qui capitalise sur ce qui est bénéfique à nos sociétés et la préserve de ce qui l’appauvrit. En gardant l’homme comme objectif final. »
Parce que cet observatoire a pour but d'accompagner l'uberisation, d'apporter un constat précis et de proposer des pistes de réflexion autour de la réforme du code du travail, du dialogue social, de l'évolution du Droit ... il réunit des personnalités dont les regards portés sur l’évolution de la société divergent suffisamment pour qu’il y ait débat.
Les profils sont très différents par leurs expertises (économiste, philosophe, paléoanthropologue, entrepreneur…), leurs sensibilités politiques (socialistes et libéraux), leurs fonctions dans l’organigramme de l’entreprise (de l’employé au PDG) et la taille de leur structure (de la start-up à la multinationale). C’est son équilibre qui a été recherché.
Il n’aura pas fallu 6 mois à l’observatoire pour fédérer de multiples domaines d’activité (web, banque, médias, politique, arts culinaires, éducation, professions intellectuelles).
3 missions prioritaires pour l’observatoire au prochain semestre
1. Offrir au législateur un niveau d’information suffisant et une vision d’ensemble des « possibles offerts par le numérique » pour qu’il puisse œuvrer en toute connaissance de cause
Les experts de l’Observatoire de l’Uberisation proposent de participer aux réflexions liées à la régulation du numérique en France, et d’apporter des retours d’expériences « terrain » au législateur. Ils rappellent que « dans ce contexte, le rôle de l'Observatoire n'est en aucun cas de dire oui à ‘‘tout ce qui relève du numérique’’, mais de faire en sorte d’empêcher le ‘‘non systématique’’ dès qu'il y a une évolution que la société ne semblerait pas en mesure de tolérer. »
2. Travailler ensemble à une vision nationale, à un projet de société intégrant le numérique
L’observatoire est un outil de synthèse et de propositions interactif et prospectif.
Ses premières Assises se dérouleront en octobre au Conseil Economique, Social et Environnemental et proposeront un projet de société plus inclusive, humaine, ouverte, libre et responsable ; avec au cœur, le numérique.
Les travaux sont pilotés par un comité décisionnel depuis avril dernier, autour de la devise « Rassembler pour Réussir ».
Les experts (membres et personnalités auditionnées) et différents groupes de travail (gouvernance et éthique, modèles économiques, droit du travail, éducation…) feront l’objet d’un prochain communiqué.
3. Partager et sensibiliser l’opinion pour préserver, à terme, la compétitivité française
Information, interactions, communication et proposition sont 4 des éléments constitutifs de l’ADN de l’Observatoire de l’Uberisation. A l’issue des Assises, le livre blanc de l'uberisation, outil de synthèse par excellence, fera le point sur ce phénomène en France. Y figureront notamment les données par secteur, les résultats de divers sondages réalisés, le témoignage des principaux partis politiques et leur position en perspective des élections de 2017.
D’autres ouvrages seront publiés ultérieurement et l’observatoire réfléchit déjà à l’organisation d’un événement international biannuel permettant de positionner la France au cœur des débats relatifs au numérique, bien au-delà des frontières de l’Europe.