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Syntec - L’Uberisation des métiers du Syntec : serons-nous tous des ubers demain ?

Lors d'une table ronde le 02/12/2015, le Syntec a abordé la question "L’Uberisation des métiers du Syntec : serons-nous tous des ubers demain ?"

avec la participation de Denis Jacquet,Syntec  co-fondateur de l'Observatoire de l'Uberisation.

Auto-entrepeneurs, atomisation de l’entreprise, fuite des talents, exigence des nouvelles générations, évolution des besoins clients, web 3.0… Opportunité grâce au big bang technologique, disruption des modes de fonctionnement, open innovation, crowfunding, logiques collaboratives… Serons-nous tous des ubers demain ?

Nos professions vivent-elles une mutation ou une simple évolution ? Quid du code du travail et de la protection sociale? Quels impacts sur la pérennité de nos entreprises ? L’ubérisation, une opportunité ?...

Nous, professionnels des métiers du Syntec, ne restons pas insensibles, prenons position ! 


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  • Date de Publication: 05/01/2016
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Le site de la Commission européenne a publié une note en date du 20 octobre dernier sur la libéralisation des services, intitulée "Améliorer le marché unique : de nouvelles opportunités pour les citoyens et les entreprises"

En mai 2015, la Commission a dévoilé sa stratégie pour le marché unique numérique, conçue pour relever les défis de l’économie numérique. Un marché unique numérique et connecté améliorera l’accès des consommateurs et des entreprises aux biens et services en ligne, tout en 2 créant les conditions nécessaires à l’expansion des réseaux et en maximisant le potentiel de croissance de l’économie numérique européenne.

La Commission relève que le mode de mise à disposition et de consommation de nombreux biens et services change rapidement : on assiste au développement rapide de l’économie collaborative, un écosystème complexe, fondé sur des services à la demande et l’utilisation temporaire de biens reposant sur des échanges conclus sur des plateformes en ligne. Pour les consommateurs, l’économie collaborative se traduit par une diversification des choix et un abaissement des prix, tandis que, pour les jeunes pousses du secteur de l’innovation et les entreprises européennes établies, elle est synonyme de perspectives de croissance aussi bien sur le territoire national que dans d’autres États membres. Elle accroît aussi l’emploi et bénéficie aux salariés puisqu’elle autorise une plus grande souplesse, qui va des micro-emplois non professionnels à l’entrepreneuriat à temps partiel. Les ressources peuvent être utilisées de manière plus efficiente, ce qui accroît la productivité et la durabilité.

Selon une étude récente , les cinq grands secteurs de l’économie collaborative (financement entre pairs, recrutement en ligne, location de logements entre particuliers, partage de voitures, diffusion en continu de musique et de vidéo) peuvent faire passer à 300 milliards d’euros en 2025 le chiffre d’affaires mondial, qui se situe aujourd’hui autour de 13 milliards d’euros. Un tiers des consommateurs européens déclarent qu’ils prendront de plus en plus part à l’économie collaborative.

Cependant, l’émergence de nouveaux modèles économiques a souvent des répercussions sur les marchés en place, créant des tensions avec les prestataires de biens et de services. De part et d’autre, les critiques ont trait au flou réglementaire entourant l’application des règles sur la protection des consommateurs, la fiscalité, l’octroi de licences, les normes de santé et sécurité, la sécurité sociale et la protection de l’emploi. Les réactions hâtives ou inappropriées à ces enjeux risquent de créer des inégalités et d’entraîner une fragmentation des marchés.

Face à ces difficultés et incertitudes, il convient d’agir. Il faut un environnement réglementaire clair et équilibré, qui permette à l’économie collaborative de se développer, protège les travailleurs, les consommateurs et d’autres intérêts publics, et garantisse aux opérateurs déjà établis ou aux nouveaux venus sur le marché l’absence de toute entrave réglementaire inutile, quel que soit le modèle économique qu’ils utilisent. Dans le cadre de la stratégie pour le marché unique numérique, une analyse du rôle des plateformes, y compris dans l’économie collaborative, a déjà été engagée. Cette initiative sera complétée par d’autres études intersectorielles et la sollicitation active des opérateurs économiques, des consommateurs et des pouvoirs publics.


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Apparu en 2014, le terme a depuis été utilisé à toutes les sauces pour parler de la nouvelle économie. Mais de quoi parle-t-on au juste ? Et ces nouvelles partiques, portées par les Uber, Airbnb et autres Drivy, engendrent-elles de la croissance pour les pays concernés ou sont-elles, au contraire, un danger pour les entreprises classiques ? « Dessine-moi l’éco » s’est penché sur le sujet, en partenarait avec le Monde.


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  • Date de Publication: 03/12/2015
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Comment anticiper la disruption ? Dans une récente étude de Deloitte University Press, le cabinet de conseil Deloitte tente de donner les clés pour comprendre ce phénomène afin de l’anticiper et en éviter les dommages.

En s’appuyant sur plusieurs dizaines de cas, Deloitte a recherché les modèles symptomatiques de la disruption et de ses acteurs, et, dans un second temps donne aux entreprises en place une grille d’analyse pour tenter de prédire le cataclysme avant son avènement sur son marché.

Etudier la vulnérabilité
Pour Deloitte, éviter le désastre, c’est d’abord étudier la vulnérabilité de son marché et en imaginer les contre-feu en se posant les bonnes questions à des fins d’actions. En guise d’exemple générique, Deloitte prend comme exemple Kodak. Firme emblématique du ratage absolu en n’ayant pas vu arriver la photo numérique malgré son invention par un de ses employés. D’où cette question lancinante posée par tous les décideurs, « Comment Kodak n’a-t-il pas vu arriver la photo numérique ? », avec en corrélat, « En quoi cette technologie était-elle si disruptive qu’elle a ébranlée Kodak, pourquoi Kodak n’a pas réagi et comment se fait-il qu’elle n’ait pas pu se relever de cette rupture ? »

Pourquoi la disruption est-elle si difficile à identifier ?
Le problème avec la disruption peut se résumer simplement : elle n’est identifiable qu’une fois son action réalisée. Donc trop tard. Repensons à l’Encyclopédie Universalis, leader sur Internet jusqu’à l’explosion de Wikipedia. Aujourd’hui, un directeur d’hôtel voit-il Airbnb comme potentiel disrupteur ? Si oui, quelle réponse y apporter ? Etudier la stratégie d’Accord ou d’Expedia peut être une piste intéressante.

Avant toute analyse, Deloitte modélise l’entrée des disrupteurs sur un marché et les pertes occasionnées par ces nouveaux entrants. Il y a 5 façons pour les nouveaux entrants d’occuper le marché :

– Déplacement du marché : par exemple Amazon qui bouscule la filière traditionnelle de l’édition en offrant un meilleur service au détriment de la rentabilité recherchée par les acteurs traditionnels.
– Attaque du marché par plusieurs acteurs
– Occupation d’une large part de marché par les nouveaux entrants
– Création d’un nouveau marché qui cohabitera avec le marché traditionnel
– Consolidation entre nouveaux entrants et occupation du marché. Mort des autres.

Les analyses techno-économiques sur les nouveaux entrants sont aujourd’hui relativement complètes, on peut se reporter aux écits de Nicolas Collin ou Bernard Stiegler. Toutefois, l’identification de la menace à venir reste problématique. Pour tenter d’identifier le danger, Deloitte a dégagé 9 leviers de disruption

Les analystes reconnaîtront dans ce schéma les leviers utilisés par bon nombre de licornes à savoir :

– L’effet de réseau : profiter de la traction offerte par les réseaux dont la valeur est égale au carré du nombre d’utilisateurs.
– Utiliser les actifs sous potentialisé (les appartements pour Airbnb)
– Plateformiser : créer une plateforme de type marketplace ou lieu de médiation
– Connecter la communauté : via les applications et réseaux sociaux
– Mobiliser la communauté pour créer le produit : crowsourcing/crowdfunding
– Découpler produit et services et favoriser l’usage
– Raccourcir la chaîne de valeur : désintermédier
– Fixer le bon prix selon le service rendu
– Faire converger les produits pour que la valeur soit supérieure à la somme des parties

Malgré sa simplicité, cette matrice ne serait pas complète sans une étude du contexte et de ce que Deloitte appelle les catalyseurs. A titre d’exemple, si la photo numérique a émergé, c’est aussi parce que le contexte technique et économique le permettait. Technique avec l’industrialisation des appareils photos (et la baisse de prix associée), l’extension du parc de PC, et le coût marginal de zéro offert par la duplication des photos. Un phénomène similaire a celui connu par  le marché de la musique. Bien sûr, les catalyseurs sont nombreux et touchent à tous les secteurs  : économie, technologies, droit public et privé, politique publiques, comportement clients etc.

Dans tous les cas, la disruption viendra toujours d’un lieu hors du champ de vision de l’entreprise. En second lieu, en guise de leçon, Deloitte met en garde contre la crispation sur les modèles anciens sur lesquels l’entreprise à tendance à fonder ses analyses stratégiques et qui l’empêche de voir venir la menace tout en gardant le statu quo. Pour Deloitte, les entreprises qui réussissent la transition sont celles qui sont à la fois optimistes et humbles, mais qui sont conscientes que l’entreprise doit sortir de ses modèles et de son inertie, certes garants du succès passé, mais tout autant de l’échec futur. Autrement dit, les dirigeants doivent sortir du cadre et de leur zone de confort intellectuel pour endosser de nouveaux modèles de pensée et d’analyse.

En dernier lieu, Deloitte livre 3 réponses possibles envers la disruption

  • Contenir ou sortir : l’entreprise peut céder une partie de son marché pour en exploiter un autre pan plus rentable. Une possibilité si l’entreprise est dans le bon timing de sortie.
  • Etre le disrupteur : difficile, mais chaque barrière est surmontable si la dynamique prévisionnelle du marché est positive et autorise l’entreprise a anticiper le changement et les lignes de revenus.
  • Saper le disrupteur : selon la configuration du marché et des leviers utilisés par le disrupteur, l’entreprise peut tenter un court-circuit en minimisant l’effet attendu.

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  • Date de Publication: 03/12/2015
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La première préoccupation des dirigeants d’entreprise est de voir arriver un nouveau concurrent venu de nulle part et tirant parti de la numérisation, c’est ce qu’on appelle désormais l’uberisation.

En déclarant décembre dernier au Financial Times que "Tout le monde commence à craindre de se faire Ubériser", le patron de Publicis Maurice Levy a synthétisé dans une formule choc une des idées qui est aujourd’hui une des mieux partagées du moment.

C’est en tous cas ce phénomène de l’Ubérisation qui est devenue la préoccupation dominante des dirigeants selon l’édition 2015 de l’enquête annuelle « Redéfinir les frontières : données provenant de l’étude globale C-suite », basée sur les retours de plus de 5200 CEO, CMO, CFO, CIO et autres leaders de la C-suite (directions générales et directions fonctionnelles).

Il y a encore quelques années, dans un monde déjà mondialisé mais encore relativement conventionnel, la crainte exprimée par les décideurs était de devoir affronter un concurrent ayant un produit ou service meilleur ou à un meilleur coût. Aujourd’hui, dans l’économie bousculée par la numérisation, il s’agit de lutter contre un concurrent venu de nulle part et n’appartenant pas nécessairement au secteur. C’est ce que certains appellent les barbares. Car pour intervenir sur un marché, il suffit parfois d’une simple app mobile, d’une utilisation d’un parc existant et souvent d’une application limite des réglementations ou des législations en vigueur.

Conduite par l’Institut for Business Value d’IBM, cette étude révèle que les chefs d’entreprise attendent que la convergence de l’industrie soit la première force qui impactera leur marché dans les 3 à 5 ans à venir. Les entreprises les plus performantes donneront quant à elles la priorité aux capacités cognitives.

Les dirigeants des entreprises les plus performantes sont à 24% plus enclins à se tourner vers l’informatique cognitive. Cette étude IBM recommande aux entreprises d’utiliser l’analyse prédictive et cognitive, afin de les aider à anticiper avec le plus de fiabilité possible les événements futurs, et ainsi prendre de l’avance sur leurs concurrents non visibles. Cette idée de convergence est en tête des préoccupations devant le télétravail et le cyberpiratage.

On se souvient de la notion de convergence qui rapprochait les secteurs télécoms et informatiques. C’est ce qui avait par exemple poussé AT&T à racheter NCR ou IBM à procéder à l’acquisition de Rolm pour les revendre quelques années plus tard. Mais aujourd’hui, cette idée de convergence est totalement généralisée et concerne tous les secteurs. C’est la combinaison de l’électronique grand public et santé pour donner naissance à ce que l’on appelle aujourd’hui les wearables comme Fitbit ou encore le géant de l’agrochimie Monsanto qui entend devenir fournisseur de services pour les agriculteurs (Monsanto : plein cap sur le big data). Dans ces conditions, il n’est donc pas surprenant que les technologies soient considérées comme le principal facteur de changement – pour la quatrième année consécutive – devant les évolutions du marché et les conditions réglementaires.

Dans les évolutions que pressentent les dirigeants

  • la relation avec les clients a déjà changé mais elle sera largement impactée par l’utilisation des technologies numériques, notamment avec un engagement de plus en plus personnalisé.
  • l’innovation sera un facteur majeur de compétitivité. Et cette innovation viendra de plus en plus de l’extérieur d’après les décideurs interrogés.
  • l’avènement des technologies numériques remet peu à peu en cause l’organisation même des entreprises, la manière de travailler et la prise de décision qui devient de plus à plus décentralisée.

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François Miguet, avec Raphaël Goument

De meilleurs services pour un prix plus bas... On a du mal à y croire mais la récente baisse de tarifs du service VTC d'Uber, en réaction aux nouvelles offres commerciales des compagnies de taxis parisiens G7 et Taxis bleus qui cherchent à reconquérir les clients perdus, est un exemple parmi d'autres de la révolution en cours que traverse notre économie, bouleversée par l'Internet.

La révolution des applis semble une aubaine pour les consommateurs. Mais elle risque d'accroître le chômage et la précarité. 
Voici à quoi nous devons nous attendre...

A voir son siège parisien, un simple appartement de 200 mètres carrés perché au-dessus d'un vendeur de scooters dans le quartier du Sentier, on imagine mal que Creads puisse faire trembler les empereurs de la publicité. «En France, Publicis et Havas se partagent le gâteau depuis trop longtemps. Il faut les bousculer !», plastronne pourtant Julien Mechin, le cofondateur de cette start-up de 40 salariés. Le secret de ce Robespierre 2.0 pour décapiter les multinationales ? Quand les agences paient des milliers de créatifs, lui n'en salarie aucun. Il a simplement constitué un réseau de 50.000 travailleurs indépendants, que les annonceurs (Citroën, La Poste...) peuvent mettre en compétition en quelques clics et à moindres frais. «Seuls les dix meilleurs projets sont rétribués et nous conservons la moitié des gains», précise le patron. Au printemps dernier, 175 membres de sa communauté ont planché sur le nom d'une carte de crédit pour la Société Générale. Premier prix pour la gagnante ? 200 euros. Un bel exemple d'uberisation.

UBERISATION ? CE NÉOLOGISME À LA MODE cache un tsunami économique. Grâce à la démocratisation du haut débit, des smartphones et de la géolocalisation, des petits malins lancent partout de nouvelles plates-formes en ligne, le plus souvent des applications, qui mettent en relation des travailleurs free-lance et leurs clients sans passer par les intermédiaires classiques. Ces croqueurs de capitaines d'industrie se rémunèrent généralement à la commission.

Leurs modèles ? Airbnb, l'hôtelier sans hôtels devenu premier logeur mondial (1,5 million de chambres), et, bien sûr, Uber, l'application qui a bouleversé le secteur ultraréglementé des taxis sans salarier aucun chauffeur et que les investisseurs valorisent désormais autant que General Motors : 51 milliards de dollars. Nombreuses sont les start-up qui rêvent de faire aussi bien ! «Dans un tiers des demandes d'investissement que je reçois, le business model est basé sur de l'uberisation», témoigne le serial investisseur Marc Simoncini, jadis créateur du site de rencontres Meetic.

Transport, logistique, tourisme, services à la personne, restauration, banque et même industrie du sexe... Cette nouvelle forme d'activité est en train de gagner du terrain de façon fulgurante dans presque tous les secteurs. Selon les experts du cabinet Deloitte, qui la qualifient d'«économie à la demande», elle devrait peser 100 milliards de dollars d'ici trois ans. Certes, son chemin n'est pas tracé d'avance, car la vieille économie fait tout pour se défendre contre l'envahisseur. Uber et ses chauffeurs, par exemple, affrontent depuis des mois sur tous les continents des caillassages, des grèves et des procès, de la Californie jusqu'en France. Mais ces escarmouches d'arrière-garde ne pourront que ralentir le mouvement irrémédiablement engagé. «Bientôt, tous les intermédiaires sans valeur seront balayés», confie Stanislas de Bentzmann, le président de Croissance Plus. Faut-il s'en plaindre ou s'en réjouir ?

Tout dépend de quel côté l'on se place ! Du point de vue du consommateur, l'uberisation est incontestablement une aubaine. D'abord parce que la technologie qu'elle met en branle permet d'améliorer les services. Grâce au système de notes et d'appréciations mis en place sur la plupart des plates-formes, par exemple, l'évaluation des services rendus est permanente, et ce système vertueux suffit à écarter sans délai les mauvais.

Vous aviez l'intention de mettre en location sur Drivy l'épave qui dort dans votre garage ? Vous feriez bien de renoncer ! Chez le leader français de la location de voitures entre particuliers , tous les véhicules sont systématiquement notés sur un barème d'une à cinq étoiles. Et leurs propriétaires évalués à la rubrique commentaire. «Loueur disponible, arrangeant, réactif... Je le recommande vivement», indique par exemple Julie, à propos de Gaël C, le particulier qui lui a loué un fourgon Renault Master à Saint-Maur-des-Fossés (94). Sur le site de Drivy, au design bien plus intuitif que ceux d'Avis ou de Hertz, même le temps de réponse moyen du loueur est répertorié. Gare à ceux qui mettent plus de trois heures à rappeler les clients...

DEUXIÈME AVANTAGE : LE PRIX. «Nos membres paient en moyenne 6 centimes par kilomètre», se félicite Frédéric Mazzella, le P-DG de BlaBlaCar, le leader européen du covoiturage. Imbattable ! Certes, les tarifs des applis ne sont pas toujours plus compétitifs que ceux pratiqués par les acteurs classiques, mais ils ont le mérite d'être quasiment toujours fixés à l'avance, ce qui limite les mauvaises surprises.

Terminé l'arnaque du plombier qui, sous prétexte qu'on l'a appelé en urgence pour une affaire de fuite d'eau sans prendre le temps d'exiger un devis, en profite pour dévaliser votre portefeuille ! Sur Hellocasa, une application 100% tricolore qui met directement en réseau clients et professionnels, toutes les prestations - plomberie, peinture, électricité, bricolage, jardinage - sont réglées d'avance et au forfait (à partir de 69 euros le déplacement à Paris, un quart de cette somme revenant à la start-up). Même principe chez Popmyday, une jeune pousse fondée par deux anciens d'HEC, qui propose des soins à domicile (coiffure, manucure, maquillage, etc.) sept jours sur sept, de 7 heures à 22 heures.

Les consommateurs bénéficient aussi des avantages de la géolocalisation, présente sur une bonne partie des applications. Sans elle, Deliveroo n'aurait jamais pu voir le jour. Cette pépite britannique a constitué un réseau de 1.200 coursiers indépendants (auto-entrepreneurs, étudiants, sans-emploi) pour proposer aux restaurants qui ne disposent pas d'un service de livraison de servir leurs clients à domicile à leur place. D'un simple coup d'œil sur son smartphone, le citadin affamé peut connaître en temps réel la position géographique du livreur et la distance qu'il lui reste à parcourir. De son côté, le restaurateur, qui a accès aux mêmes données, peut surveiller que la commande est bien arrivée à destination avant qu'elle ne refroidisse. Idem chez Uber, Lecab ou Chauffeur-prive : le voyageur pressé voit s'afficher en temps réel l'emplacement des berlines les plus proches et le temps qu'on mettra à venir le chercher, sans débourser un centime de plus.

Ultime avantage pour les consommateurs : l'invasion des barbares sur leur territoire force les acteurs traditionnels à se bouger. «Pour conserver leurs parts de marché, ils doivent absolument se mettre au niveau des start-up qui les uberisent», explique Jean-Marc Liduena, associé stratégie et innovation chez Monitor Deloitte. Ainsi, les secteurs les plus touchés, comme l'hôtellerie, font des efforts sur les prix et certains chauffeurs de taxi commencent à offrir des bouteilles d'eau à leurs clients. Et l'Union nationale des taxis est en train de roder en ce moment dans les rues de Bordeaux une application sur le modèle de celle d'Uber.

POUR CERTAINS SALARIÉS EN POSTE, par contre, l'uberisation est une bien mauvaise nouvelle. Elle nous précipite en effet vers un monde sans CDI, où le Code du travail risque de devenir très vite un chiffon de papier.«Historiquement, l'organisation de la production à vaste échelle avait toujours supposé la mise en place d'une entreprise, or ce n'est plus nécessaire», observe l'économiste Jean Pisani-Ferry.

Certes, l'incroyable souplesse du nouveau système va offrir bien des opportunités aux chômeurs et aux précaires qui croupissent du mauvais côté de la ligne. «A terme, et si tout se passe de manière idéale, le progrès technologique pourrait permettre à chacun de devenir son propre patron et de travailler où et quand bon lui semble. Le rêve de Marx en somme !», se réjouit le président du think tank libéral GénérationLibre, Gaspard Koenig. «Aujourd'hui, une mère de famille qui veut travailler uniquement quand ses enfants sont couchés peut le faire très facilement», renchérit le P-DG de Foule Factory, Daniel Benoilid. En un sens, c'est une bonne nouvelle, car cela va permettre de dynamiter la ligne rouge qui fracture depuis des décennies notre marché du travail. Le problème, c'est que cette révolution sociale va se payer au prix fort pour les millions de salariés en poste.

N'Y ALLONS PAS PAR QUATRE CHEMINS : pour le moment, uberisation rime avec précarisation. Non seulement les nouveaux employés «indépendants» ne bénéficient d'aucune garantie, mais ils sont souvent payés au lance-pierre. Il faut dire qu'une bonne partie des tâches proposées par les applis sont très peu lucratives.

Sur le Turc mécanique d'Amazon, par exemple, une plate-forme qui permet aux entreprises de déléguer des tâches administratives à des foules d'internautes, le tarif est librement fixé par le donneur d'ordre. Cela tire les prix vers le bas. Il faut dire aussi que les start-up imposent elles-mêmes une limitation des rémunérations (souvent 33.000 euros par an, le plafond de l'autoentreprenariat) de peur de voir leurs «employés» requalifiés en salariés. Ajoutons que la quasi-totalité de ces jeunes pousses n'est pas rentable : Airbnb devrait perdre 150 millions de dollars cette année et Uber trois fois plus. En cas de faillite, des milliers de personnes verront fondre leurs revenus !

Mais il y a plus grave : l'économie à la demande risque d'anéantir bien plus d'emplois qu'elle ne va en créer. «Jusqu'à présent, les cycles d'innovation avaient toujours permis de compenser les postes détruits. Mais cette fois-ci la donne va changer», pronostique Bruno Teboul, directeur scientifique chez Keyrus et coauteur de «Uberisation = Economie déchirée ?» (Editions Kawa).

Prenons l'exemple de la banque. Si les Français se prêtent de l'argent directement entre eux grâce aux plates-formes de financement participatif (comme Kisskissbankbank ou Lendingclub ) et règlent toutes leurs opérations courantes (virements, etc.) depuis des applications dédiées, à quoi diable pourront bien servir les guichetiers ?

La classe moyenne sera la première à souffrir de la situation. «Aux Etats-Unis, la polarisation du monde du travail a déjà commencé et c'est inquiétant», alerte Jean Pisani-Ferry. D'un côté les entreprises américaines se battent pour attirer les profils les plus rares, de l'autre elles sous-traitent en masse le maximum de tâches. Du coup, là-bas, un actif sur trois trime déjà en free-lance. «La plupart préféreraient occuper des emplois bien payés et plus sécurisés», a récemment regretté l'ex-secrétaire au Travail de Bill Clinton, Robert Reich, pour qui l'apparition de ces nouveaux jobs est un «cauchemar». Pas étonnant qu'outre-Atlantique l'uberisation soit présentée comme un sujet phare de la prochaine présidentielle.

On n'en est pas encore là chez nous. Pour le moment, nos entreprises en sont plutôt à... regarder passer les trains. Dans un système où le premier rafle tout («the winner takes all»), les plates-formes dominantes, souvent américaines, font la pluie et le beau temps. Certes, nous possédons une belle pépite : BlaBlaCar, le champion du covoiturage , qui a levé sans problème 73 millions d'euros l'an dernier pour accompagner son développement international. «Mais c'est un cas isolé et, pour le reste, on est encore très loin des milliards que collectent les start-up anglo-saxonnes», observe Bruno Teboul.

L'explication de ce retard ? Notre lourde fiscalité, qui refroidit les business Angels hexagonaux, bien sûr, la barrière de la langue (le plus souvent, les applis sont d'abord lancées en français, ce qui ne facilite pas les choses) et les difficultés de nos ingénieurs à communiquer sur leurs idées et à les populariser.

Le plus cocasse, c'est que la solution viendra peut-être de nos bons vieux groupes traditionnels. Face à la déferlante des start-up, certains ont en effet choisi de se jeter dans la bataille, sans craindre de cannibaliser leur business. Pour faire revenir les jeunes bidouilleurs habitués à louer le matériel des autres sur des sites comme Zilok, Mr Bricolage a lancé par exemple sa propre affaire de prêt d'outils entre particuliers, Ladepanne.fr. Même la SNCF s'uberise ! Depuis qu'elle s'est offert 75% du capital du loueur de voitures entre particuliers Ouicar (numéro 2 en France derrière Drivy, avec 400.000 membres), tous ses clients peuvent profiter de l'autopartage. Prenez garde, Yankees, nous arrivons !

7 SECTEURS EN PHASE D'UBERISATION : 

  • Taxis : À Paris, Uber a déjà dynamité le marché. En quelques mois, Uber, Lecab ou Heetch ont ringardisé les taxis de la capitale. Ils y exploitent plus de 10.000 véhicules. Gain pour le consommateur : Sourire, bouteille d'eau, voiture impeccable, tarif connu à l'avance, moindre attente, géolocalisation du véhicule qui vient vous chercher... Les nouveaux services n'ont que des avantages. Le prix, lui, peut être inférieur ou supérieur, selon la demande. Conséquences sociales : Comme Uber n'a pas de plaque à payer pour ses véhicules, la profession dénonce une concurrence déloyale . Le service Uberpop (n'importe qui peut s'improviser chauffeur avec sa propre voiture) a, quant à lui, été interdit.
  • Sexe : Toujours le peep-show... mais à domicile ! Terminé les clubs douteux où l'on entre en rasant les murs. Désormais, les amateurs de strip-tease peuvent voir les shows proposés en direct par des pros ou des madames Tout-le-Monde sur leur écran, via des sites spécialisés. Gain pour le consommateur : Plus confortable, plus propre, plus discret, le système a deux défauts. Les effeuilleuses en ligne n'apparaissent pas en chair et en os. Et, à 4 euros la minute, la note peut monter très vite. Conséquences sociales : Etudiantes ou ménagères pas farouches peuvent gagner 250 euros de l'heure. Mais les sites masquent souvent des usines à call-girls en Europe de l'Est, où les filles sont sordidement exploitées.
  • Crédits : Plus besoin de banque pour emprunter. De nouvelles plates-formes, comme Unilend ou Pret-dunion, mettent en relation particuliers ou PME qui veulent emprunter avec ceux qui peuvent prêter. Gain pour le consommateur : Tout le monde est gagnant. Les prêteurs empochent des intérêts souvent supérieurs au marché. Les emprunteurs, eux, se financent plus vite et plus facilement, sans avoir à fournir beaucoup de garanties. Les mécanismes de crowdfunding (dons) peuvent aussi prendre le relais lorsque les banques refusent les projets. Conséquences sociales : Toutes les activités bancaires traditionnelles sont remises en question. A terme, des milliers d'emplois pourraient être menacés.
  • Livraisons : N'importe qui peut s'improviser coursiers. Un repas à se faire livrer ? Un colis à déposer ? Avec Deliveroo ou Toktoktok, plus besoin de coursiers professionnels. Ce sont des particuliers qui font le boulot. Gain pour le consommateur : Plus de souplesse, plus de rapidité (32 minutes en moyenne pour Deliveroo), une facture plus faible et la possibilité de suivre son colis par GPS : ces nouvelles applis sont tout bénéfice pour le client. Et comme les porteurs sont notés, ils travaillent bien ! Conséquences sociales : Ce service va permettre à des milliers d'étudiants, de chômeurs ou de précaires de gagner jusqu'à 25 euros de l'heure. Par contre, il risque de fragiliser des centaines de sociétés de coursiers.
  • Tâches créatives : Bientôt la fin des agences de pub ? Slogan à trouver, logo à dessiner... Depuis quelques mois, des sites mettent en relation les donneurs d'ordre avec un réseau de milliers de créatifs indépendants. L'offre est proposée à tout le monde, chacun est libre d'y répondre. Gain pour le donneur d'ordre : Fini les facturations lourdes et opaques des agences ! Avec ce système, les prestations peuvent coûter cent fois moins cher. La Société Générale s'est ainsi offert un nouveau nom de carte de crédit pour... 400 euros! Conséquences sociales : Agences de pub et de com vont y laisser des plumes. Les créatifs aussi, car seul le vainqueur de l'appel d'offres est rémunéré. Les autres travaillent pour rien.
  • Location ou prêts d'objets : Entre particuliers, c'est moins cher ! De nombreux sites comme Zylok, Ilokyou ou Lamachineduvoisin proposent aux particuliers de louer (ou de prêter) leurs outils, leur matériel ou leurs équipements électroménagers. Ils rencontrent un succès grandissant. Gain pour le consommateur : Le système est plus souple et nettement moins coûteux qu'avec les loueurs traditionnels. Attention toutefois aux arnaques, fréquentes sur ces sites. Le système de notation et de commentaires, qui permet d'écarter les utilisateurs malhonnêtes, devrait contribuer à faire le ménage. Conséquences sociales : A terme, les sociétés de location de matériel pourraient supprimer des milliers d'emplois.
  • Tâches administratives : Des petites mains libres à tout moment. Classement de fichiers, référencement, dépistage d'avis ironiques... Ces microtâches très peu qualifiées, mais impossibles à réaliser avec des logiciels, vont être de plus en plus souvent externalisées. Des sites comme Foule Factory proposent de les confier à des milliers de particuliers volontaires. Il suffit qu'ils disposent d'un écran. Gain pour le donneur d'ordre : Plus de souplesse et des économies substantielles. Conséquences sociales : Le système permet à des milliers de gens dans le besoin de compléter facilement leurs revenus (jusqu'à 3.000 euros par mois). Mais il va précariser un peu plus les salariés non qualifiés.

Et d'autres secteurs sont aussi touchés : 

  • Contenus vidéo : En permettant à chacun de partager et de monétiser ses vidéos, YouTube a, le premier, tracé la voie de l'uberisation.
  • Services à domicile : Les applis Hellocasa ou Popmyday proposent du personnel à domicile pour toutes les tâches ou presque (plomberie, coiffure, etc.).
  • Droit : Les start-up de conseil juridique fleurissent sur la toile et offrent des solutions rapides.
  • Habillement : Plusieurs sites proposent aux particuliers d'échanger leurs vêtements.
  • Tourisme : Les Airbnb, Homeaway, Homeexchange et autres dynamitent déjà l'hôtellerie.
  • Alimentation : Il est possible de revendre une partie du dîner qu'on a cuisiné chez soi, via, entre autres, le site Super-marmite.

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