Nouvelle tarification chez Uber Eats, appel à la grève, négociations : le décryptage

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Après des semaines de tension grandissante, la baisse de revenus subie par une partie des livreurs de Uber Eats est venue mettre le feu aux poudres. Une grève nationale couve à l’appel de certains syndicats qui accusent la nouvelle tarification mise en place par Uber Eats. 

Pourtant, à étudier de plus près la nouvelle tarification, elle s’avère plus juste et plus équitable pour une majorité des livreurs. Ceux qui ont été affectés par une baisse de revenus ont la possibilité d'adapter leur organisation de travail pour retrouver leur niveau de revenu. Sans compter une augmentation transitoire de la garantie minimum horaire.

Eclairages sur la tarification 

Face aux allégations que la nouvelle tarification pratiquée par Uber Eats ferait baisser les revenus des livreurs, la FNAE s’est fait expliquer ce changement de tarification et les raisons de ce changement directement auprès d’Uber Eats.

L'objectif de la nouvelle tarification est d'être plus équitable pour l'ensemble des livreurs en tenant compte du temps total entre l'acceptation de la commande et la livraison au client.

L’ancienne tarification

Elle était articulée sur la base :

  • d’un forfait kilométrique calculé sur la distance entre le restaurant où le livreur prend en charge le repas et le point de livraison ;
  • d’un forfait de prise en charge.

La nouvelle tarification

Elle ne tient plus compte exclusivement de la distance mais aussi des temps d’attente. 

Cette tarification s’appuie donc désormais sur :

  • le temps de trajet jusqu’au restaurant : il est calculé non plus uniquement sur la distance mais, d’après les indications fournies par Google maps, sur le temps de trajet entre le lieu où se trouve le livreur quand il accepte la course et le point de livraison (car parcourir en vélo 2 km en descente ne représente pas le même temps ni la même énergie que 2 km en montée sur des rues pavées !) ;
  • le temps d’attente au restaurant (calculé sur la base statistique du restaurant et de l’heure, car la fréquentation varie évidemment selon le moment de la journée) ;
  • le temps d’attente au point de livraison.

En cas de commandes multiples, la sur-rémunération est calculée de la même manière.

Ainsi, une même commande (même restaurant, même client), ne sera pas rémunérée de la même manière suivant si le livreur est devant le restaurant ou à 500m et suivant l'heure de la journée (temps d'attente au restaurant).

La situation des livreurs

S'il est incontestable que la nouvelle tarification a impacté négativement une petite partie des livreurs, cette situation peut facilement évoluer favorablement.

Une amélioration pour une majorité des livreurs

La majeure partie des livreurs, ceux qui ne stationnent pas devant les restaurants, bénéficie désormais d’une prise en compte plus juste de leurs temps de trajets et d’attente. La nouvelle tarification va donc améliorer leurs conditions de travail et leurs revenus.

Avec la nouvelle tarification, une course seule ne peut pas être payé moins de 2,85€. Sur une semaine, en comparant les revenus des courses avec la nouvelle tarification dynamique et avec l'ancienne tarification forfaitaire, il est constaté une baisse moyenne de 5% de revenus pour 20% des livreurs, une hausse comprise entre 0 et 10% pour 40% des livreurs et un gain supérieur à 10% pour 40% des livreurs.

Une baisse de revenu pour une catégorie de livreurs

Concrètement, les livreurs qui ont l'habitude d'attendre l’arrivée des commandes devant les fast-foods sont aujourd'hui moins bien rémunérés qu'hier puisqu’ils n’ont pas de temps de trajet jusqu’au lieu d’enlèvement de la commande. 

Vers le rétablissement voire l'amélioration des revenus pour tous

Pour retrouver leur niveau de rémunération antérieur, voire l'augmenter, les impactés livreurs peuvent modifier leurs habitudes de travail, soit en changeant d'emplacement soit en changeant de plage horaire.

Le revenu minimal entre en application le 1er décembre

L’accord sur la garantie minimale horaire négocié au sein de l’ARPE, et dont la FNAE est le seul syndicat signataire, va entrer en vigueur dans les premiers jours de décembre. 

Si la nouvelle tarification faisait passer le revenu horaire du livreur en dessous de 11,75€, alors la garantie horaire s'appliquerait.

La position de la FNAE 

Le syndicat soutient les livreurs mais n'appelle pas à la grève

La nouvelle tarification ne justifie pas une mobilisation ni le recours à la violence, mais les conditions de travail et la rémunération des livreurs n'est pas encore satisfaisante. La FNAE continue à défendre les travailleurs indépendants par la négociation et l’évolution de la réglementation, à l’image des accords autour de la garantie minimum horaire.

Augmentation de la garantie minimale chez Uber Eats

La plateforme vient d'instaurer une augmentation de la garantie minimale horaire de 11,75 à 14 pour les livreurs. Elle est effective à partir du 1er novembre et pour 6 mois.

Des perspectives d’évolution

Lors du prochain cycle de négociations en 2024 et après le retour d'expérience de la garantie minimale horaire, la FNAE projette de négocier avec les plateformes un seuil minimal de course prenant en compte le temps passé et la distance parcourue.

Par ailleurs, la FNAE est actuellement engagée dans les discussions visant à lutter contre les discriminations que les livreurs rencontrent dans le cadre de l'exercice de leur activité. Problématique pour laquelle les livreurs ont été consultés par les plateformes dans le courant des mois de septembre et d'octobre.